Pico : un volcan, des baleines et des vignes

Si on devait résumer notre séjour sur Pico en trois mots, on choisirait probablement : volcan, baleines et vignes. Ce qui est sûr, c’est qu’on ne s’est vraiment pas ennuyés. Nous avons passé trois jours à faire de la randonnée, à déguster les spécialités de l’île et avons même fait notre première sortie en mer à bord d’un zodiac. Ça décoiffe !

 1er jour : l’ascension du Pico

Açore - Pico - Route longitudinale - île - Bye bye Loukoum
Route longitudinale

Direction le mont Pico par la route longitudinale. Nous avons vérifié la météo et nous devrions pouvoir faire l’ascension du plus haut sommet du Portugal. On est presque seuls au monde le long de notre trajet. On croise d’ailleurs plus de vaches que d’êtres humains. Nous ne le savons pas encore, mais ce sera comme ça pendant tout notre séjour sur l’île.

On arrive au centre des visiteurs pour s’enregistrer et récupérer nos balises GPS après avoir payé 12 euros par personne. L’ascension de tous les visiteurs est suivie en direct par le centre. Ils peuvent ainsi intervenir en cas de problème et vous contacter s’ils vous voient dévier du chemin. On nous explique aussi que si l’on revient après 20 heures, il faudra obligatoirement retourner les balises GPS à Madalena. On visionne une courte vidéo avec des explications sur les règles de sécurité et c’est parti !

47 pieux et encore plus de gouttes de pluie avant d’atteindre le sommet du Pico

Notre randonnée commence dans le mauvais temps et sous quelques gouttes de pluie. On comprend donc très vite l’intérêt des balises GPS : certains pieux sont difficiles à distinguer dans la brume açorienne.

Pico - Açore - Piquinho - Randonnée - Bye bye Loukoum
Dernière ascension avant le cratère

Le temps change rapidement et souvent le ciel se dégage d’un coup avant de se couvrir de nouveau. Plus on monte et plus le paysage devient aride, les couleurs du volcan passent du vert au jaune. Nous arrivons dans le cratère au bout de deux heures quinze. On est au pied du 47e pieux, le dernier avant l’ascension du Pequinho. Le ciel s’est éclairci. On se lance dans notre dernière montée et pas des moindres. Il faut beaucoup s’aider de ses mains car cette dernière ascension est très raide. Nous faisons également attention à laisser assez d’espace entre nous pour ne pas nous projeter des pierres.

Arrivés en haut, le ciel s’est complètement dégagé. Il y a beaucoup de vent et on regrette de ne pas avoir pris de gants, mais nous sommes sans voix devant cette vue dégagée à 360 °.

Pico - Piquinho - Volcan - Açores - Randonnée - Bye bye Loukoum
Sommet du Pico

Si nous avons choisi de venir découvrir les Açores, c’est notamment grâce à ce volcan dont nous avions vu des photos et dont nous voulions absolument faire l’ascension. C’est maintenant chose faite et nous ne sommes vraiment pas déçus au sommet de ses 2 351 mètres. Nous sommes au milieu des nuages qui se dégagent et nous laissent profiter du paysage : le vert de l’île plongeant dans le bleu de l’océan et les autres îles du groupement central s’offrent à nous.

Une descente douloureuse

Nous entamons notre descente et arrivons dans un cratère tout plein de brume. Les piquets sont très difficiles à distinguer et on se rend compte qu’on a eu beaucoup de chance. Si nous étions arrivés 15 minutes plus tard, nous n’aurions pas pu faire l’ascension du Pequinho comme les marcheurs que nous croisons et qui rebroussent chemin.

La descente est beaucoup plus difficile pour Sarah car très raide : elle réveille sa tendinite aux genoux. Heureusement, nous avions pris un bâton de randonnée mis à disposition au centre des visiteurs, ce qui permet de soulager un peu la douleur. Après 4 heures, nous arrivons enfin au point de départ. On rend nos GPS et on nous remet notre certificat d’ascension du Pico. C’est symbolique, mais qu’est-ce qu’on est contents, on l’a fait !


À savoir avant de tenter l’ascension du Pico

Nous y étions fin mai et n’avons eu aucun problème à obtenir notre autorisation du centre des visiteurs. Cependant, nous avons eu des retours de voyageurs qui n’ont pas pu faire l’ascension en été car le nombre maximal de personnes sur le volcan avait été atteint ou parce que la météo ne le permettait pas. Pendant les périodes d’affluence, on vous conseille d’y aller tôt et surtout de prévoir au moins deux jours à Pico en cas de mauvais temps.


Du basalte et des vignes

Vignobles - Criação Velha - Pico - Açores - Bye bye Loukoum
Vignobles de Criação Velha

Nous terminons la journée dans les vignes de Criaçao Velha, classées au patrimoine mondial de l’UNESCO. Elles sont plantées à même le basalte et les ceps sont surélevés avec des pierres pour que le raisin ne touche pas le sol et ne pourrisse pas. On est fin mai, les feuilles sont encore toutes vertes et le contraste est saisissant avec le basalte. Lors de la récolte, c’est avec ce raisin qu’est produit le Verdelho, le fameux vin blanc de Pico.

On rentre enfin de notre première journée découverte et on termine par un apéro face à la mer et Faïal devant notre cabane de pêcheur à Porto Calhau. Les Açores auront réussi à nous charmer en une journée…

2e jour : des baleines et des lacs

Des lacs de cratère

Pico - Bye bye Loukoum - AçoresNous prenons la route longitudinale, la plus longue, 19 kilomètres, et la plus droite des Açores pour rejoindre les différents lacs de l’île de Pico. Comme la veille, nous ne croisons pas beaucoup de monde sur notre trajet. Nous arrivons vite au Lagoa do Capitão. Déception, la brume ne veut pas se lever et nous ne verrons pas le Pico s’y refléter. Il fait son timide et reste caché derrière les nuages. Nous continuons de rouler vers l’est en direction du Lagoa do Caiado qui est lui aussi entouré de brume. Et c’est juste à côté que l’on découvre un tout petit lac dans lequel se reflètent les sapins qui l’entourent.

Des baleines

Nous avons ensuite rendez-vous avec les baleines à Lajes do Pico à l’Espaço Talassa. La sortie en mer en zodiac nous coûte 54 euros par personne, un investissement que nous ne regretterons pas. Pour chaque sortie vendue, un arbre est planté sur le continent dans des zones qui ont été dévastées par des incendies. En plus de la vidéo explicative que nous visionnons avant le départ, des explications sur la faune marine nous sont données par des biologistes.

Nous montons à bord du zodiac pour une sortie d’un peu plus de trois heures. Un biologiste nous accompagne tout au long de la visite et nous voyons plein d’animaux grâce à Marcel qui les a repérés depuis la vigie. Cette vigie a été conservée après l’interdiction de la chasse à la baleine aux Açores, dans les années 1980. Depuis, Marcel continue de repérer les baleines, mais cette fois-ci, ce n’est pas pour les chasser mais pour les observer. Dès qu’il repère un cétacé ou autre, il en informe les différents zodiacs (trois lors de notre sortie).

Grâce à lui nous avons pu voir des dauphins communs mais aussi des dauphins risso (on les reconnaît grâce à leurs nombreuses cicatrices blanches sur le corps), une tortue de mer, des rorquals communs et, suspens… Nous avons eu la chance de voir le plus grand animal au monde : une baleine bleue, qui d’ailleurs est de couleur grise. Le zodiac garde toujours une certaine distance, et dès que le biologiste juge que notre présence gêne ou stresse l’animal, on s’en éloigne et on repart tenter notre chance ailleurs. Après avoir passés plus de trois heures en mer, nous rentrons au port et récupérons nos certificats récapitulant toutes les espèces vues.


Quelques conseils avant de partir en mer

  • Ne pas avoir de problème de dos parce que faire du zodiac c’est comme faire du cheval mais en pire…
  • Prendre un Mercalm contre le mal de mer : si vous êtes sensible au mal des transports, vous allez vivre un vrai cauchemar à chaque arrêt du zodiac…
  • Prévoir des vêtements que vous n’avez pas peur de salir car l’eau de mer laissera des traces blanches.
  • Prenez absolument un Kway car vous serez trempés par les vagues.
  • Même si le temps n’est pas dégagé sur l’île, protégez-vous du soleil, car en pleine mer, les nuages n’étaient pas nombreux et semblaient d’ailleurs stagner au-dessus de l’île.

Cella bar - Pico - Açores - Lapas
Lapas et vins açoriens

Comme la mer ça creuse, on termine la journée au Cella Bar.  Il fait trop frais pour dîner dehors mais l’architecture du lieu est vraiment sympa et atypique. On y déguste une sélection de vins açoriens : du Curral Atlantis, mélange de merlot et de cabernet sauvignon, c’est un vin ensoleillé et rond en bouche, un blanc, le Curral Atlantis verdelho arinto, un rosé Terras de lava et une liqueur de Pico, le Curral Atlantis néctar dos currais. On goûte aussi trois fromage des Açores avec trois maturations différentes. Enfin, on teste la spécialité des Açores : les lapas ou « chapeaux chinois » en français. Le ventre bien rempli, on rentre se coucher.

3e jour : de la lave et un musée

Cette troisième journée aura pour thème pluie et grisaille. On tente donc la visite de la Gruta das Torres : les tunnels de lave les plus longs d’Europe qu’on ne visitera finalement pas… En ce jour pluvieux, nous ne sommes pas les seuls à avoir cette idée et les visites sont complètes. Ceci dit l’accueil est très sympa et on nous laisse quand même visionner une vidéo explicative de ces formations. On repart également avec une recommandation de visite de tunnels de lave à Sao Miguel. Ça tombe bien puisque c’est notre prochaine île.

Direction le nord-est de l’île, où nous découvrons par hasard le Nucleo do Cachorro : des formations rocheuses de lave dues à la coulée de celle-ci jusque dans l’océan. L’espace est aménagé de petits ponts en bois pour circuler au milieu des rochers de lave.

On continue notre route vers le nord de l’île et visitons « A Buraca » : une distillerie locale. Pour cinq euros à deux, vous pourrez déguster plein de liqueurs. Nous, c’est celle de nèfles notre préférée.

Quand les baleines étaient chassées

Pico - Bye bye Loukoum - Baleine - Açores
Musée industriel de la baleine

Le temps ne s’arrange pas. On reprend donc la route direction Sao Roque do Pico pour visiter le musée industriel de la baleine. Il retrace l’histoire de la chasse à la baleine jusqu’en 1987, date à laquelle le dernier cachalot a été chassé et où la chasse a été interdite. On les chassait notamment pour utiliser leur huile afin de graisser les machines industrielles et pour fabriquer des cosmétiques.

Cette visite nous permet de mieux appréhender cette culture et cette économie baleinière. Nous en apprenons plus sur cette technique de chasse ancestrale à l’aide des objets présentés : les harpons et les barques sont d’ailleurs de taille impressionnante. On voit aussi comment cette culture baleinière a influencé l’artisanat avec de nombreux objets en os et ivoire de cachalot. On repart soulagés de savoir que cette pratique a cessé et que la vigie ne signale plus les baleines pour les chasser mais seulement pour les observer.

Nous tentons de faire le tour de l’île jusqu’à la pointe est pour revenir à notre point de départ mais on n’y voit quasiment plus rien. La brume a comme enveloppé l’île et ce n’est pas pour nous déplaire, Pico a un côté encore plus magique. Et puis, on vous l’avait dit que cette troisième journée aurait pour thème pluie et grisaille.

3 Replies to “Pico : un volcan, des baleines et des vignes”

  1. Pico est géniale exactement pour ces raisons: volcans, baleines et vignes. On a beaucoup aimé aussi mais grosse frustration de l’organisation de la casa da Montanha qui ne sait pas gérer l’afflux des randonneurs. On n’a pas pu monter le Pico, même en restant 5 jours sur place avec un temps superbe.

    1. On comprend votre frustration surtout si comme nous vous avez choisi d’aller sur l’île de Pico pour faire l’ascension de son volcan avant tout…
      J’espère qu’avec l’engouement qu’ont les voyageurs et les randonneurs pour les Açores, la casa da Montanha va s’adapter pour répondre à la demande et surtout mieux la gérer.
      En tout cas, vous avez une bonne raison de retourner aux Açores ! Nous, si on y retourne, ce sera sur Flores, vos articles nous donnent envie.

  2. Ça donnne trop envie !
    J’avais vu des reportages sur les Açores mais je ne connaissais pas du tout cette histoire de baleine… génial que vous ayez pu en voir !

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